1 - On doit distinguer
l’Etre de l’existence. Tout ce qui existe Est nécessairement, mais tout ce qui
EST n’existe pas nécessairement. Ex-ister c’est provenir d’une transformation
d’un état antérieur, celui d’une substance ou d’éléments ; c’est la
matérialisation d’un étant par une essence constitutive. La substance de
l’espace ( ou prématière ) ne peut donc ex-ister au sens où elle n’a pas fait
l’objet pour être d’une transformation à partir d’un état antérieur. Elle a
toujours été invariablement identique à elle-même incréée, dans son état inerte et amorphe, sans énergie
interne. Cependant puisque constituée en objet physique, la substance de
l’espace EST, mais sans exister puisque l’existence suppose l’individualisation
d’un étant, l’entrée dans le temps qui implique aussitôt naissance et
disparition. Aussi, seuls les étants existent et sont, alors même que la
substance de l’espace Est sans pour autant être un étant qui existe.
2 - Sur le plan
strictement physique, le néant comme l’état du rien n’a aucune signification
puisqu’il n’y a pas de lieu hors la substance de l’espace qui serait le
« lieu du non-lieu, du néant ». La substance constitue et occupe
l’espace, tout l’espace. Le néant physique est donc aussi impossible à
concevoir que l’était le néant logique.
Cependant le néant physique peut se définir autrement
que le néant philosophique : c’est l’état amorphe informe et sans énergie
qui est celui de la substance de l’espace, un
état continu, et non individualisable. En ce sens l’Être de la substance de l’espace
est un néant physique au sens où il y règne une totale et éternelle
immobilité. A cette condition, la substance de l’espace concilie l’Etre et le
Néant puisque ayant une réalité comme objet physique mais n’existant pas en
tant qu’objet individualisé situé dans le temps.
Un étant qui disparait
en s’annihilant rejoint l’état informe de la SE : le nihil a un lieu mais
qui n’est pas un rien. L’espace-substance est le lieu d’un néant physique d’où
les étants surviennent et où ils s’abiment.
3 - Le néant physique absolu
ne concerne qu’un étant singulier qui est un assemblage d’atomes maintenus par
son essence et qui a été historiquement
ou géographiquement situé. La matière
des atomes résulte d’une transsubstantiation de la substance de l’espace et
l’annihilation de cette même matière conduit à se fondre à nouveau dans sa
substance originelle. Selon un cycle court, les atomes composant un individu
d’un étant se défont mais ne disparaissent pas, ils sont disponible pour un
nouveau recyclage, une renaissance dans un autre corps. Selon un cycle long les
atomes composant un astre, une galaxie, sont appelles à se transformer en
rayonnement puis à disparaître en se fondant dans la SE : aucun étant,
fut-ce une particule n’est éternel.
Le néant physique absolu
est l’état des étants singuliers et éphémères soit qu’ils en proviennent, soit
qu’ils retournent au néant . Le pur
néant ou néant absolu ne concerne que la dislocation/disparition des éléments
composant un étant particulier. Pour le vivant, la mort est retour dans ce
néant absolu.
4- La reproduction, le
cycle, sont des moyens de contrecarrer la disparition « dans » le
néant absolu. S’il en était autrement la
genèse de chaque catégorie et espèce d’étants serait unique et la nature
devrait faire preuve d’imagination pour créer à chaque fois du nouveau.
Contrecarrer la disparition par le cycle de la reproduction du quasi identique
c’est inscrire chaque étant temporel dans l’éternité. De fait, le cosmos se
conserve lui-même comme totalité invariante et ne saurait programmer sa propre
disparition puisqu’il ne pourrait s’annihiler dans aucun autre lieu que le sien
propre.