Ainsi, ce simple fait
de placer le Soleil à la place de la Terre au centre du monde amorce-t-il une
révolution culturelle et spirituelle sans précédent qui modifie la structure
même de la pensée…Un système du monde s’écroule, entrainant avec lui des a
priori millénaires sur la vie humaine ; la position centrale de l’homme
est brusquement remise en cause… En la chassant du centre du monde, la
révolution copernicienne rejette l’humanité dans un coin perdu d’u univers
inconnu. Si la Terre n’est qu’une planète parmi tant d’autres, dans un univers
peut-être infini, les certitudes les plus solides s’effondrent et tout devient
relatif. L’angoisse que suscite cette ouverture à l’héliocentrisme résonne encore
du cri de Pascal « le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie »
Copernic nous abandonne sans repère dans l’infini de l’espace. La nuit est si
noire que même les promesses de Dieu deviennent obscures. L’homme ne se posait
pas autant de questions lorsqu’il se considérait comme un être à part, unique,
existant sous un forme éternelle depuis la création du monde.
Jean-marie
Vigoureux – Les pommes de Newton Albien Michel sciences
COMMENTAIRES
Nous sommes à la
veille d’un changement radical de paradigme scientifique dont l’importance sera
sans doute aussi grande que celui opéré par Copernic dans nos conceptions de
l’univers et le statut de l’homme.
Quatre grandes
catégories fondamentales de nos représentations sont appelées à être modifiées
en profondeur : Le vide, l’infini, l’éternité, l’unicité privilégiée de
l’espèce humaine.
1 – Le vide et la
substance de l’espace
Nous avons été
habitués à considérer le vide comme l’équivalent du rien. Ce néant du vide a été confirmé par Einstein qui n’y voit qu’un
simple lieu de positionnement des corps. Nous avons ici démontré qu’il est en
réalité un « tout-plein » d’une substance nécessaire pour expliquer
les ondes EM et l’origine de la matière. De fait, tout procède du vide-plein,
nous baignons dans « l’autre-de-la-matière » qui possède des
propriétés différentes de celle-ci.
La découverte d’une substance autre que la matière et qui la constitue
représente une véritable révolution que nous ne pouvions imaginer puisque nous
pensions que seule la matière existait.
Cette substance qui nous environne est d’autant plus mystérieuse que nous ne
pouvons la palper, l’isoler, en faire une expérience sensuelle directe. Désormais
il faudra nous familiariser avec cette idée que nous sommes issus du vide, que
le plein du réel n’est d’une infime fraction de cette substance infinie qui constitue
l’espace, que le vide est l’être même des choses. Et de nous-mêmes.
2 – L’infinité de l’univers
L’humanité ne se résout
pas à penser véritablement l’infini, il lui faut des frontières, un univers
avec ses limites. Ainsi faut-il
comprendre l’univers géométrique et circulaire d’Einstein dont on revient au
point de départ après en avoir fait le tour. Il s’agit d’un monde fini mais se déployant vers l’infini, en
expansion. L’esprit ne peut penser qu’un corps en mouvement puisse continuer sa
route sans jamais rencontrer de frontière, que l’espace n’a pas de bord, qu’il
n’existe pas un espace sans espace, qu’il n’y a pas de « lieu du néant ».
Expérience mystique que cette tentative de penser le vrai infini qui se heurte aux
limites de la raison, point ultime où l’intelligence humaine ne peut plus
comprendre et sa science doit s’avouer cette fois vaincue.
3 – Temps et éternité
Toutes les
civilisations, ou presque, ont imaginé un début des temps, une origine à l’aventure
humaine, une naissance. Ce modèle de la « création » est bien
évidemment calqué sur le vivant puisque toute vie, même végétale, procède d’un
temps premier, d’une extraction d’un autre que sois, d’une association d’éléments
se combinant pour engendrer l’existant. La cosmogonie du big bang ne fait pas
exception puisque nos savants ont imaginé un temps de l’explosion créatrice, un
big bang tel un fiat lux, à partir duquel l’univers en expansion se déploie.
Toute autre est l’idée
d’un univers incréé et éternel, sans début ni fin dont le dynamisme interne est
alimenté par la création des étoiles et la constitution consécutive de galaxies
qui naissent et meurent selon un cycle perpétuel. Cela suppose de repenser le
modèle même de constitution des étoiles qui surgiraient de l’espace-substance
et non par effondrement d’une matière déjà présente issu du big bang originel.
Ici aussi une véritable révolution copernicienne devrait être opérée par les
scientifiques pour abandonner leur conceptions sur l’astrogenèse pourtant si
finement mathématisées par de vénérables prix Nobel. Ici, les conséquences
seraient incalculables pour la communauté des physiciens qui verrait les
travaux d’éminents confrères réduits à néant et une suspicion générale s’étendre
quant aux pouvoirs de vérité de la science jusqu’alors temple du savoir vrai.
Comme l’Église du temps de Galilée et de Bruno, on peut craindre que cette fois, ce
seront les physiciens eux-mêmes qui
interdiront l’émergence d’une science nouvelle.
4 – L’éternel retour
d’une espèce : l’homme
Giordano Bruno avait
déjà imaginé que le vaste univers pouvait être peuplé d’autres types d’humains
et que notre espèce terrienne n’était pas l’unique œuvre du créateur divin.
Mais une telle occurrence suppose que le
travail de l’évolution partout et toujours aboutisse au même résultat à savoir
l’émergence d’une espèce dominante ayant vaincu toutes les difficultés de la
sélection naturelle. Cela voudrait dire plus fondamentalement que « de toute éternité » l’évolution à
un SENS, que l’humanoïde n’est pas le produit du hasard, que la nature VEUT l’espèce
la plus efficace, la plus intelligente et qu’elle se donne toute la durée
nécessaire, à chaque tentative, pour aboutir au même résultat. Et ainsi,
paradoxalement, dans ce grand vide sidéral où l’homme semble perdu, il
trouverait enfin sa raison d’être puisqu’il ne serait pas un accident de la
nature mais serait le point d’aboutissement de celle-ci. De toute éternité, la
nature cherche à s’aboutir comme « pensée d’elle-même » à travers l’Esprit
qu’elle engendre. Il a donc existé une infinité d’humanités dans l’infinité des
temps et il en existera une infinité d’autres. L’homme n’est pas unique mais
multiple, son destin à chaque fois est celui d’accomplir le projet de
perfectionnement de la nature. Ainsi pensé, le destin de notre humanité
terrestre est un peu moins tragique que sa solitude dans l’immense univers le
laisserait supposer.