I
- NEANT LOGIQUE ET NEANT PHILOSOPHIQUE
L’être est, le néant n’est pas ou plus
exactement n’est plus. Et en effet, on ne peut penser le néant que relativement
à l’être qui a disparu. Hors cette
occurrence le néant n’a aucun sens et ne saurait cohabiter avec l’être comme
présence. Et il ne peut être dit qu’à partir d’une position d’être. Dès que
l’être Est, le néant s’absente.
L’un des définitions du néant est d’être le contraire, le négatif, de l’être : il
est le « ce » qui n’a pas de substance, pas d’existence, ni de
temps/durée : le néant n’est pas, n’a pas de réalité
I
- Si le rien n’est pas, il est inutile
d’en parler davantage puisque le rien n’a pas d’existence. Ce qui n’a pas d’existence
est le néant. Le rien du néant s’oppose donc
à la chose qui est. L’être de la
chose est, pour autant que le néant ne
soit pas.
Mais
qu’est-ce que veut dire que le néant « n’est pas » ? Le néant ne peut émarger à l’Être et cette
expression, « le néant n’est pas » ne devrait pas pouvoir
s’écrire. Cela est d’autant plus vrai que le néant ne peut se dire qu’à partir
d’un existant qui le pense et qui l’imagine comme néant. Au vrai, la pensée
peut se représenter le concept du
néant mais ne peut le présenter.
Ainsi
donc le néant ne peut avoir une quelconque réalité physique, il ne peut
s’incarner dans aucune substance. Il s’agirait finalement d’une catégorie
logique de la pensée : le néant logique est le contraire, le négatif de
l’être. Il permet de fonder le principe de non contradiction.
2
- Reprenons le raisonnement : Le
rien s’oppose à l’existant avons-nous
dit. Une naissance, quelque chose, quelqu’un
qui n’était pas surgit et semble provenir du néant. Pareillement pour
celui qui n’est plus et qui disparaît dans un néant. Le
surgissement, la naissance, la disparition, la mort, tout semble surgir du néant
puis le rejoindre. L’assemblage d’atomes
qui constituait un étant, un homme se
défait. Il ne reste rien de ce qu’ils furent : ils ont rejoint le non-lieu
du souvenir : le néant.
Un être pour exister comme étant doit
cesser « de ne pas exister » c.à.d. surgir d’un néant qui n’a pas de lieu, aucune réalité et qui a pourtant
une utilité philosophique : celle de permettre à l’être d’être ; nous
dirions ; sans le néant l’être ne pourrait pas être de même que la nuit n’aurait
aucun sens sans le jour : si la nuit n’était pas, si le jour toujours « est » nous ne saurions pas que le jour est jour.
C’est donc la nuit qui donne son sens et sa façon d’être au jour : en se
distinguant, non pas en opposant mais en différant de la nuit. La nuit reste en quelque sorte
« ajointer » au jour, elle doit s’absenter pour laisser le jour être.
De même, le néant doit se retirer pour laisser paraître l’être. Le retrait du néant est le mode du paraître de l’être sans pour autant que l’être puisse s’en extraire puisque l’être n’a pas pour lieu d’origine le néant. Le statut du néant est lié à celui de l’être temporel qui doit cesser d’être à la différence d’un être éternel qui n’a jamais surgit ni ne peut disparaître. Pour qu’il y ait naissance, création, il faut tout simplement que l’étant qui surgit n’ait jamais existé, qu’il émarge au néant avant d’être.
S’il
n’y avait pas le néant l’Etre ne pourrait pas s’en distinguer. Le propre d’un étant qui entre dans le
temps d’une existence est d’apparaître sous le signe du disparaître. L’être
d’un étant est donc situé entre deux néants, celui qui précède son être et
celui de sa disparition.
L’être est, le néant n’est pas ou plus
exactement n’est plus. Il n’est plus sans jamais vraiment avoir été. Il semble
qu’on ne puisse penser l’Etre que relativement au néant qui a disparu. Hors
cette occurrence le néant n’aurait aucun sens et ne saurait cohabiter avec
l’être comme présence. Dès que l’être Est, le néant s’absente. « Là où »
le rien « était » de l’être apparaît.
Le néant ne forme pas seulement une catégorie logique avec l’être dont il serait le négatif mais fonde et justifie l’être en ce que la présence peut s’affirmer comme « ce qui aurait pu ne pas être » La question, pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien deviendrait : pourquoi ce qui aurait pu ne pas être Est.
La possibilité de la disparition est
donc un mode de l’être et un renforcement
des justifications de la
présence.
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