Nous n’avons cessé d’affirmer que le problème essentiel, fondamental, presque
unique, qui détermine toute la physique contemporaine est le statut du vide et
la question de son contenu. Nous avons également accusé Einstein de l’avoir
conduite dans une impasse en déniant à ce vide tout effet mécanique. Cette
fonction mécanique est absolument indispensable pour justifier la transmission
d’un mouvement à distance et pour expliquer l’origine, le fonctionnement et la
nature de la substance qui compose les ondes électromagnétiques. Elle est tout aussi nécessaire pour comprendre
l’origine de la matière, le principe
d’inertie lui-même et enfin la cause de la vitesse constante et limite de la
lumière.
Nous voudrions montrer ci-dessous la logique de ces manœuvres subtiles
qui n’ont eu qu’un seul objectif : débarrasser la physique de cette
question encombrante de la fonction mécanique de l’éther pour y substituer une
physique des champs et son espace-temps.
1) On imagine des ondes à la surface
de l'eau. Ce phénomène peut donner lieu à deux descriptions différentes.
1) On peut suivre comment
l’ondulation du liquide en surface change avec le temps
2) A l'aide de petits corps
flottants on peut suivre comment la position de chaque particule d'eau change
avec le temps.
Dans cette seconde hypothèse,
nous n'avons aucun motif d'admettre que
l'eau est composée de particules mobiles puisque nous nous intéressons aux
seuls corps flottants. Mais nous
pourrions quand même la considérer comme milieu.
On peut considérer que toute la
physique relativiste a pour base ce glissement qui permet d’éliminer la
composition du milieu au profit de ses manifestations sur des corps, seuls
objets susceptibles d’être observés et mesurés. En effet, le contenu de l’espace
ne peut jamais être saisi en lui-même hors son action sur des masses.
La métaphore est alors filée :
Quelque chose de semblable se
présente dans le champ électromagnétique. Car on peut se représenter le champ
comme étant constitué de lignes de force. Si l'on veut considérer ces lignes de
force comme quelque chose de matériel dans le sens habituel, on est
tenté de considérer les phénomènes dynamiques comme phénomènes de mouvement de
ces lignes de force, de sorte que le mouvement de chaque ligne de force pourra
être suivi par ses effets sur les corps.
Ainsi « ces lignes de force
» produisent des effets sur les corps : on peut donc les considérer comme « quelque chose de matériel ». Nous
sommes donc passés de l’abstraction
qu’est une ligne de force à un objet physique matériel mais dont la nature
matérielle n’est pas exactement matérielle : une sorte de matière qui n’est
pas particulaire. Si ces lignes de force produisent des effets sur les corps,
de quelle matière est-il ici question ? Nous ne le saurons jamais.
Par ce glissement qui relèverait
de la malhonnêteté intellectuelle, ce champ de lignes de force quasi
matérielles permet d’installer une physique des champs indépendants de toute
influence mécanique d’un milieu.
Selon la relativité restreinte, l'hypothèse de l'éther apparaît comme une hypothèse vide. Les équations des champs électromagnétiques, ne représentent que les densités des charges et celles des champs. Les champs électromagnétiques sont des réalités ultimes et irréductibles. Il est superflu de postuler un éther homogène et isotrope dont ces champs seraient les états.
‘Dans le langage de
Minkowski, ceci s'exprime de la façon suivante : Le principe de la relativité
restreinte nous interdit de considérer l'éther comme constitué de particules
qu'on peut suivre dans le temps ; mais l'hypothèse de l'éther comme telle ne
contredit pas la théorie de la relativité restreinte. Il faut seulement se
garder d'attribuer à l'éther un état de mouvement.
Les fonctions mécaniques de l’éther éliminées il n’en demeurent pas moins
quelques problèmes :
Mais nier l'éther, signifie qu'il faut supposer que l'espace vide ne possède aucune propriété physique. Or, les faits mécaniques ne se trouvent pas d'accord avec cette conception. Mach, pour échapper à la nécessité de supposer une espace qui est inaccessible à l'observation, introduisit à la place de l'accélération par rapport à l'espace absolu de Newton, l'accélération par rapport à la totalité des masses de l'univers. Mais l'inertie relative des masses suppose une action à distance sans milieu intermédiaire. Et comme les physiciens modernes ne peuvent accepter une action pareille, Mach aboutit à une conception à l'éther, qui est destiné à transmettre les effets de l'inertie. Mais cette notion de l'éther de Mach ne détermine pas seulement l'état des masses inertes mais est lui-même déterminé par elles.
Mais nier l'éther, signifie qu'il faut supposer que l'espace vide ne possède aucune propriété physique. Or, les faits mécaniques ne se trouvent pas d'accord avec cette conception. Mach, pour échapper à la nécessité de supposer une espace qui est inaccessible à l'observation, introduisit à la place de l'accélération par rapport à l'espace absolu de Newton, l'accélération par rapport à la totalité des masses de l'univers. Mais l'inertie relative des masses suppose une action à distance sans milieu intermédiaire. Et comme les physiciens modernes ne peuvent accepter une action pareille, Mach aboutit à une conception à l'éther, qui est destiné à transmettre les effets de l'inertie. Mais cette notion de l'éther de Mach ne détermine pas seulement l'état des masses inertes mais est lui-même déterminé par elles.
Comme on le constate chassez l’éther, et il revient au galop car si seuls
le mouvement des masses sont retenus, il n’en demeure pas moins qu’elles sont
liées par leur attraction relative et qu’elles doivent donc bien transmettre à
distance leur état de mouvement.
La pensée de Mach reçoit son plein épanouissement dans l'éther de la théorie de la relativité générale. D'après cette théorie, les propriétés métriques du continuum spatio-temporel sont différentes dans l'entourage de chaque point spatio-temporel et conditionnées par la matière. D’où un espace vide qui n'est physiquement ni homogène ni isotrope MAIS qui nous oblige à représenter son état par dix fonctions, les potentiels de gravitation g µv - Par-là, la notion de l'éther a de nouveau acquis un contenu précis, qui diffère notablement de celui de l'éther de la théorie ondulatoire mécanique de la lumière. L'éther de la théorie de la relativité générale est un milieu privé de toutes les propriétés mécaniques et cinématiques, mais qui détermine les phénomènes mécaniques (et électromagnétiques).
Ainsi, l’éther n’a pas de propriétés mécaniques mais détermine les
phénomènes mécaniques. Comment ce paradoxe est-il possible ? Par l’usage du plus
splendide raisonnement circulaire ayant cours en physique : les masses
créent et déterminent les propriétés des
champs et les lignes de force de ce champ agissent sur les masses.
L’espace devient alors pour Einstein le simple « lieu »
inoffensif qui a pour seule fonction
d’abriter les champs. Et Einstein pouvait terminer son exposé au collège de France :
En résumant, nous pouvons dire : d'après la théorie de la relativité générale, l'espace est doué de propriétés physiques ; dans ce sens, par conséquent un éther existe. Selon la théorie de la relativité générale, un espace sans éther est inconcevable, car non seulement la propagation de la lumière y serait impossible, mais il n'y aurait même aucune possibilité d'existence pour les règles et les horloges et par conséquent aussi pour les distances spatio-temporelles dans le sens de la physique. Cet éther ne doit cependant pas être conçu comme étant doué de la propriété qui caractérise les milieux pondérables, c'est à dire comme constitué de parties pouvant être suivies dans le temps : la notion de mouvement ne doit pas lui être appliquée."
En résumant, nous pouvons dire : d'après la théorie de la relativité générale, l'espace est doué de propriétés physiques ; dans ce sens, par conséquent un éther existe. Selon la théorie de la relativité générale, un espace sans éther est inconcevable, car non seulement la propagation de la lumière y serait impossible, mais il n'y aurait même aucune possibilité d'existence pour les règles et les horloges et par conséquent aussi pour les distances spatio-temporelles dans le sens de la physique. Cet éther ne doit cependant pas être conçu comme étant doué de la propriété qui caractérise les milieux pondérables, c'est à dire comme constitué de parties pouvant être suivies dans le temps : la notion de mouvement ne doit pas lui être appliquée."
Ainsi, pouvons-nous constater que la boucle est
bouclée, que la métaphore des petits corps flottants dans l’eau a été filée
jusqu’au bout et qu’Einstein est parvenu à dénier à l’espace sa fonction mécanique tout en
gardant « pour le fun » ce vieil et indéracinable éther.
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