Quelques un de nos lecteurs qui adhèrent
à nos thèses sur le « plein » de l’espace ont tendance à rabattre cette
inconnue qu’est la prématière sur le connu, à savoir le vieil éther. Et
il est vrai que celui-ci fut fort utile en un temps où il était
difficile d’admettre que l’espace fut le lieu du Rien. Il est d’ailleurs
symptomatique que le début de la physique moderne s’amorçât avec le
rejet par Einstein de l’éther.
De fait l’éther devait remplir deux
fonctions : celle de servir de support aux ondes EM et pouvoir
transmettre le mouvement à distance au moyen de ces mêmes ondes. Cette
transmission à la vitesse C supposait un éther d’une densité telle que
cela paraissait incompatible avec la fluidité exigée par ce milieu pour
tout mouvement en son sein. Très haute densité et extrême fluidité
étaient manifestement incompatibles ce qui entrainât le rejet de
l’éther, bien plus que l’échec de l’expérience de Michelson et Morley
destinée à mesurer un « vent d’éther ». Ainsi, Einstein trouva-t-il
l’espace « nettoyé », évidé, pour lui permettre d’installer ces
différents champs géométriques qui pouvaient aussi bien se passer de
support.
L’éther avait été défini comme une
substance « éthérée » c’est à dire très fluide et si peu perceptible que
les instruments de sa capture n’ont pas réussi à le saisir. De plus,
l’éther qui remplissait l’espace ne constituait pas la « structure » de
celui-ci : l’espace était le contenant et son contenu l’éther. Enfin,
les ondes EM ne pouvaient avoir comme support cet éther compte tenu de
leur vitesse élevée. Et dernière difficulté : sa très grande fluidité ne
pouvait justifier une limite à la vitesse d’un mouvement en son sein si
bien qu’une vitesse infinie était envisageable. L’espace plein d’éther
ne pouvait être le « lieu » de la résistance initiale au mouvement. On
verra qu’Einstein du attribuer cette résistance à la masse elle-même qui
s’autolimite en augmentant son énergie cinétique.
Si l’on persiste à penser que l’espace
ne saurait être le lieu du Rien et qu’il est absolument nécessaire
qu’une onde pour surgir et circuler doit s’initier à partir d’un milieu
homogène, il faut donc affronter directement la contradiction
densité-fluidité. Il faut également répondre aux insuffisances du
concept d’éther quant à la structuration de l’espace relativement au
rapport contenant/contenu. Il faut aussi rendre impossible la
perspective d’une vitesse infinie dans un milieu n’offrant aucune
résistance au mouvement. Enfin les découvertes de la physique quantique
concluent à la possibilité d’extraire de la matière à partir du « vide
quantique » auquel on attribue un potentiel énergétique.
Comme on le constate, toutes ces
exigences et contraintes sont très loin d’être satisfaites par l’ancien
éther et c’est avec raison qu’Einstein en profita pour le reléguer au
cimetière des idées disparues. Nous en ferons de même mais sur de toutes
autres bases.
Le point central de notre démonstration
est d’assumer pleinement la contradiction fluidité/densité en arguant
qu’on ne saurait exiger pour l’espace des propriétés qui sont celles de
la matière. Il s’agit en effet d’inverser la perspective : ce n’est pas
la matière qui sur-détermine l’espace, lui attribue des propriétés, mais
c’est au contraire l’espace qui commande aux propriétés de la matière.
Jusqu’à présent, nous avons été victime d’un « logocentrisme » à
l’occidental ou plutôt d'un « matérialo-centrisme, qui tend à attribuer à
la matière sa propre origine sui generis et à appliquer à toute autre
chose – l’espace – ses propres définitions et contraintes.
S’agissant d’une « substance »
différente – et qui n’est pas l’éther – on doit l’analyser en tant que
telle, à partir de ce que l’on découvre de ses propriétés et notamment
de pouvoir concilier fluidité et densité. Paradoxalement, c’est parce
que la substance est absolument dense et totalement uniforme, puisque
non composée d’éléments séparés comme la matière, qu’elle autorise A LA
FOIS, la vitesse élevée des ondes EM et la faible résistance (qui n’est
pas nulle) pour un corps s’y déplaçant en son sein. Paradoxalement pour
nous autres « matérialistes » c’est parce que cette substance est
extrêmement fluide que les ondes peuvent circuler à la vitesse inouïe de
C ! Elles ne rencontrent en effet qu’une faible résistance à leur
mouvement et une infime énergie h suffit à leur ébranlement.
Cette substance de l’espace – que nous
avons dénommé PREMATIERE pour montrer sa proximité d’engendrement avec
la matière – est celle-là même qui structure l’espace tout à la fois
contenant et contenu. Elle EST totale et immédiate présence et ne
saurait représenter un hypothétique « arrière monde » du type
subquantique surdéterminant mystérieusement l’univers quantique de la
matérialité mesurable.
En définitive bien d’autres propriétés
originales permettent d’expliquer nombre de phénomènes que nous avons
longuement détaillé par ailleurs (vitesse limite et constante par
exemple). Mais ce qu’il faut retenir c’est les différences RADICALES qui
séparent l’éther ancien de la prématière.
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