Toute mesure est relative à l’observateur et aux propriétés
de détection de l’instrument de mesure car un phénomène ne peut
se mesurer lui-même. Si les conditions de la mesure varient (ex le
mouvement différentiel entre deux observateurs) il est évident que
les résultats ne seront pas identiques. Ainsi, il n’y a pas de
masse-poids absolue puisque sa valeur change par exemple aux pôles
et à l’équateur. Il faut donc apporter des corrections qui
tiennent compte de la variation des conditions de l’expérience. On
va donc définir une masse objective étalon en un lieu donné qui
évoluera selon la situation des observateurs.
Quant à la mesure du temps, dire que tous les référentiels ont
un temps propre, c’est vrai, mais cela ne veut rien dire : si
chacun peut librement mesurer le temps dans son référentiel alors,
on ne peut plus faire de science puisqu’il n’y a plus de base
commune objective.
Le temps devient un étalon objectif lorsqu’il peut se mesurer
par rapport à un phénomène invariable (la vitesse de la lumière),
comme on mesure une masse relativement à une quantité fixe de
matière (1 dm cube d’eau). Mais cela est insuffisant :Il faut
déterminer AUSSI un référentiel étalon à partir duquel il est
possible de mesurer les différences de valeur de la seconde.
Cet étalon fixe sera une distance arbitrairement découpée dans
l’espace parcourue par la lumière. La seconde sera plus
ou moins longue selon la vitesse de l’observateur relativement à
C. Mais on peut aussi arbitrairement définir une seconde par le
nombre de battements d’un corps quelconque en mouvement. Dans ces
deux cas, il s’agira de mesurer la durée d’un mouvement dans
l’espace choisi comme étalon. Cependant, il faut que cette mesure
puisse être répétée strictement dans les mêmes conditions. Il
est évident que si deux horloges ne sont pas placées dans les mêmes
conditions ( par exemple de lieu ou de mouvement), elles vont mesurer
un nombre de battements et donc une seconde différente. Dés lors,
ce n’est pas le temps qui est variable mais les
conditions de la mesure. Le temps « en lui-même »
est durée d’un phénomène hors de toute mesure et n’est soumis
à aucune variation « cela dure » dirait
Bergson.
Sa mesure relève d’une activité humaine qui doit
définir a priori un temps objectif qui sera celui mesuré dans un
référentiel, de préférence terrestre. Si tous les référentiels
sont équivalents, encore faut-il en choisir un pour pouvoir
démontrer cette équivalence. Dés lors, la mesure du temps ne
déroge pas aux lois fondamentales de la science qui suppose de
définir a priori les conditions de la mesure dans un lieu pour
pouvoir opérer tous les changements nécessaires si les conditions
de lieu et d’observation varient. Ces conditions de la mesure du
temps sont strictement identiques à celles de la mesure d’une
masse : pas plus qu’il n’y a de temps absolu, il n’y a de
masse absolue, puisqu’une mesure est toujours relative à un
observateur et à sa situation. Un observateur sur la Lune est
autorisé à donner la valeur de cette masse-matière fixe selon son
référentiel comme n’importe quel observateur en mouvement va
mesurer une valeur différente de cette distance fixe (299792km) pour
déterminer la durée de SA seconde. S’il est
en mouvement relativement à un observateur considéré comme fixe,
sa seconde et donc son temps seront plus courts comme la masse est
plus légère sur la Lune que sur Terre. Mais elle sera plus courte
relativement à quoi ? Pour pouvoir affirmer que chaque
observateur peut mesurer un temps propre, encore faut-il établir les
bases d’une comparaison possible sous forme d’un étalon
arbitraire. Car pour pouvoir pratiquer la science chacun ne peut
indépendamment des autres définir son système de mesure.
Ainsi, le temps devient objectif quand les mesures relatives de
chacun peuvent être rapportées à un étalon objectif de
référence et selon les mêmes conditions de la mesure. Il n’y a
donc pas un temps absolu qui serait hors de la conscience humaine,
pas plus qu’un temps absolument relatif qui supposerait une
variation générale de sa mesure. Il n’y a qu’un temps humain
objectif et opposable à tous et dans sa définition arbitraire,
invariable.
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