dimanche 31 janvier 2021

115 - LA QUESTION DE L’ÊTRE ET DE L’ EXISTER

1 - Il nous faut tenter d’éclaircir ce paradoxe philosophique : Tout ce qui existe EST,  mais tout ce qui EST n’existe pas nécessairement. En d’autres termes, l’existence suppose l’Etre, mais l’Etre n’implique pas nécessairement l’existence.

Exister est le propre des étants (objets, hommes  etc.).  C'est le fait que les étants apparaissent dans le temps. A l’inverse l’Être ne peut JAMAIS apparaitre dans le temps, il EST sans exister. Il ne peut pas naître car cela supposerait qu’il surgisse d’un Être antérieur ce qui implique une régression à l’infini. Le principe qui fonde la présence du monde à lui-même ne peut donc être engendré par un autre principe de présence. Il doit se donner pour éternel et incréé.

L’Être EST mais n’est pas dans le temps, qu’est-ce à dire ? L’Être comme principe de présence éternelle demeure en lui-même sans pour autant posséder les attributs de l’étant – la matérialité – qui le ferait passer du côté de l’existant. Paradoxalement, il EST dans l’étant temporel tout en « n’étant pas » dans le temps. Il EST dans l’existant (latin existere, sortir de) tout en n’ex-istant pas lui-même. Ex-ister suppose en effet une ex-traction d’un ailleurs pour se tenir en soi. L’Être éternel n’a d’origine autre que lui-même.

L’être de l’étant EST dans tout étant sans jamais pouvoir se saisir en tant que tel. Exister pour un étant renvoie à la question : où, comment, en quoi l’étantité en générale (l’ensemble de composés de l’univers) peut-il s’extraire pour exister- être ? Cette nouvelle question on doit la rapprocher de la précédente à savoir : où, comment, en quoi « l’être de l’étant » EST dans tout étant sans  jamais pouvoir se saisir en tant que tel.

Arrivé à ce stade de notre réflexion, il semble que nous ne puissions plus progresser et nous retrouver dans la même impasse que la philosophie de Heidegger : L’Etre semble se dissimuler dans chaque étant et se donne comme à jamais insaisissable puisque qu’on ne connait jamais que l’étant.

2 - Pourtant nous avons avancé dans la connaissance de l’Être, son caractère incréé assurant la présence éternelle du monde des étants à eux-mêmes. Dès lors, l’Être comme principe de présence peut-il être lui-même absent ? L’Être peut-il de façon contradictoire « être<> absent » ? Et s’il n’est pas absent, s’il est donc « présence éternelle » -  présentification du présent – il ne saurait être un rien, un pur concept, il faut que le « ce » qui assure la présence soit lui-même présent. Et ne peut être présent qu’un « quelque chose ».

C’est ici que nous arrivons au bout de l’interrogation proprement philosophique, c’est ici que les philosophies existentielles ont rencontré un mur infranchissable. C’est que depuis l’origine grecque, la physis n’a cessé de se séparer de la meta-physique pour s’ériger en science indépendante s’exerçant uniquement au dévoilement des étants.

Aussi nous faut- il faut retourner à notre interrogation initiale et nous demander comment l’Être peut être sans exister, sans sortir de lui-même tout en faisant exister les étants par leur entrée dans le temps. Il faut donc  que L’Être soit effectif pour « donner corps » au monde et que sa présence soit celle de « quelque chose » à défaut de laquelle le « rien  »se passerait.

L’Être n’est donc pas néant,  et ce « quelque chose  » doit être autrement,  tout à la fois sous la forme d’un concept et de son signifiant : « être-dans-le-monde ». Si l’être n’est pas un concept vide, s’il signifie en direction d’un « quelque chose », celui-ci ne saurait pourtant pas être un étant. Dans ce cas en effet, nous retrouverions  l’aporie des philosophies existentielles condamnées à tourner en rond de l’être à l’étant. L’Être doit nécessairement posséder un « substrat » et celui-ci ne peut être selon les modes connus de la matérialité des étants.

3 - Consécutivement toutes nos questions nous ramènent à une seule : y-a-il « autre chose » que la matérialité des étants que nous connaissons jusqu’à ce jour ? Ce « quelque chose » doit posséder les propriétés de L’Être à savoir d’être sans exister. En d’autres termes, il ne peut se montrer en tant que tel, il doit demeurer dissimulé à la fois dans les étants et dans le lieu de sa permanente présence. Mais l’Être doit avoir un substrat physique quelconque qui lui autorise l’action et la réaction sous peine de n’être que le rien, pur concept évanescent, un être absolu ou l’un des multiples noms de Dieu.

Nous sommes donc amener, au terme de nos interrogations, à quitter le domaine proprement méta- physique pour déboucher sur celui de la science physique, seule à même de rechercher la nature de ce substrat de l’Etre et de mettre à jour ses propriétés qui ne peuvent être extraites qu'indirectement puisque l’être en tant que tel n'est a jamais saisissable.

Quelle est la nature physique de l’Être comme substrat – substance ? - qui n’aurait jamais été découvert jusqu’à ce jour, qui Est sans exister, partout présent, éternel, incréé qui assure le présent permanent, l’Être ici du monde, de l’univers ? (Il s’agit bien évidemment de la substance de l’espace ou prématière dont nous avons par ailleurs défini les propriétés et les modes de preuve).

En définitive, La solution au problème philosophique de l’Être ne peut être trouvée que par le retour à la  physique, ce qui nécessite de dépasser la rupture contemporaine entre science et philosophie et faire ainsi retour à leur unité originelle.

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