On
se demande si nous ne sommes pas en train de vivre un basculement sans doute
aussi important, mais de toute autre nature, qui nous a fait passer d’un monde
géocentrique de Ptolémée à celui décentré et infini de Copernic. Nous serions
en effet parvenus sur une ligne de crête qui sépare deux visions opposées de la
genèse universelle, à savoir une genèse historique et celle non historique sans
création puisque éternelle. Nous savons l’importance du mythe fondateur, de ce
lieu d’une origine que nous pouvons concevoir à l’égal d’un code génétique à
partir duquel une civilisation se déploie et s’organise. C’est ce mythe
fondateur, ce cœur même de l’ordre social, qui se trouve interrogé non par
l’instance théologique traditionnelle,
mais par la science et plus précisément son avancée la plus métaphysique
à savoir l’astrophysique.
Et
en effet, avant toute mise en équations de la physique de notre univers, une
question principielle se pose, une orientation initiale s’impose, de savoir si
l’univers a fait l’objet d’un acte créateur originel ou si tout au contraire
une telle création à partir de rien est inconcevable et qu’en conséquence
l’univers aura toujours été.
Il
s’agit là de deux directions radicalement différentes qui engagent la
recherche en cosmophysique sur des voies
complètement opposées et qui relèvent d’une structuration intime de la
conviction, d’une métaphysique personnelle antérieure à toute physique
opérationnelle. Les conséquences en sont considérables sur notre rapport à
l’existence, à la position et rôle de l’humanité dans l’univers, sur la
conception de notre devenir collectif.
Comme
on le constate, il ne s’agit pas d’une simple querelle d’experts
astrophysiciens mais d’enjeux de civilisation fondamentaux qui se débattent en
cosmophysique. Ce qui est en question, au fond, c’est notre rapport au temps,
au temps court et linéaire d’une histoire se déployant depuis 13,8 milliards
d’années ou à l’absence totale de temps d’un univers sans création, sans début,
déroulant dans l’éternité le cycle de ses créations et destructions d’étoiles
et de galaxies.
Le
modèle d’un univers historique commande aujourd’hui toutes les orientations de
recherche d’autant qu’il semble s’accorder à la conception contemporaine d’un
temps social linéaire, vectorisé car dirigé vers un but, intégré à une histoire
relativement courte et donc maitrisable puisque compréhensible.
Nous n’allons pas à nouveau ici
opposer les deux modèles en démontrant les apories et insuffisances de l’un (le
modèle historique) et les splendeurs et ouvertures de recherche qu’autorise
l’univers éternel incréé. Non, nous voulions simplement indiquer le lieu de la
démarcation fondamentale entre deux ontologies à partir desquelles la science
s’ouvre à la recherche et surtout constater qu’une métaphysique est le
préalable à tout positionnement scientifique
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